Actualité palpitante pour Corde. L’occasion d’échanger avec ce trio post-rock en pleine ascension. Tant sur son identité assumée que sa musique au large spectre, foncièrement conceptuelle.
Une exclu des Rêveries de Betty.
Tout d’abord, une petite présentation s’impose !
Corde : Bonjour Bettysdreams, nous sommes Corde, un trio Lillois de post-rock / electro folk instrumental. Parfois, on nous qualifie de groupe de classical ambient ou bien encore de neo jazz selon les morceaux. Mais les deux premiers termes couvrent assez bien ce que l’on fait. On existe depuis 2019, et sur scène, depuis 2021.
On a sorti un EP et un album. Le prochain s’appelle « Schema » et sortira le 29 mars 2024. Puisque nous proposons des musiques instrumentales, nous essayons de faire en sorte qu’elles soient le plus narratives possibles, et visuelles. L’expérience visuelle se poursuit à travers nos clips mais également sur scène où nous projetons des petits courts-métrages ou des séquences évocatrices.
S’affranchir des interdits...
Corde, voilà un nom de groupe qui semble induire une histoire, un sens. Qu’en est-il ?
Le mot « corde » évoque tellement de choses qu’il nous a semblé d’emblée intéressant et une source d’inspiration inépuisable. L’évidence, c’est la famille d’instruments avec en son centre le violon. Puis l’univers du premier EP et du premier album ont été inspirés par le monde marin. Sur scène comme en mer, ce mot ne se prononce pas, il porte malheur. Et nous devons avouer que nous aimons nous affranchir des interdits. La liberté est même la source de notre motivation. En effet, dans la composition, trop souvent on peut penser à la réception des auditeurs, des professionnels. Avec Corde, on pense d’abord à ce qui va stimuler l’imaginaire, nous projeter dans un ailleurs fictif. Pour l’album « Schema », on retrouve la corde incarnée par le fil des vies que l’on délie et que l’on met en musique.
Comment définiriez-vous votre style ?
Nous proposons une musique instrumentale où le violon pose un thème, une mélodie. On imagine souvent notre musique comme illustrant des images. Nîm travaille la production des pistes, réalise chaque titre. Ses synthés sont omniprésents ; de l’électro on lorgne parfois même du côté de la techno (Gent). Lorsque l’on compose, il n’y a que le thème de l’album qui dessine - dans un premier temps - la cohérence. On ne se pose aucune contrainte artistique dans le choix des sons, des thèmes, de la rythmique, de la couleur. Pour autant, artistiquement, la cohérence est là et est renforcée par la patine du mastering qui a été réalisé par Benjamin Savignoni. Avec « Schema », plus que jamais, nous faisons du post-rock, et de l’electro folk !
Chacun surprend l’autre...
Comment s’opère le processus de composition/production chez Corde ?
La composition et l’enregistrement se font chacun chez soi. Bien souvent, Maxime livre à Nîm un titre abouti. Nîm mixe les pistes, épaissit le son, pose ses instruments, ses programmations. Et c’est au tour de Steve d’imaginer une rythmique.
A chaque étape de ce workflow, chacun surprend l’autre et emmène la composition dans un territoire inattendu. Nous vous le disions, on aime la liberté. Et ce qui fait l’identité de Corde, c’est que sans l’une des trois personnalités, le trio s’écroulerait. L’identité artistique du trio ne vit que parce que chacun apporte une part de soi.
Quelles sont vos influences ?
Maxime : Je suis très sensible à la folk : celle de Joan Baez, d’Alela Diane, de Ben Howard, … j’aime leur sensibilité, leur efficacité mélodique. J’aime aussi la puissance d’Agnès Obel. Avec ses moments en suspension, ses silences, son épure, elle parvient à me transcender. Aussi, elle parvient à ce que je ne parviens jamais à faire : oser le silence.
Le neo jazz ambient me transporte et m’inspire également beaucoup. Je peux citer Mammal Hands et Gogo Penguin comme références. Dans « Schema », il y a ce titre intitulé « The Architect » (clip à retrouver ici), on y entend dans l’intro et dans le pont des traits de violon qui font penser à un souffle avec un grain très fort, et ces deux traits très appuyés sont une référence directe à la façon très libre dont ces deux groupes utilisent leurs instruments. La comparaison s’arrête là, ce sont des musiciens à la technicité incroyable dont le niveau me fait rougir.
Enfin, j’admire les orchestrations et arrangements chamber pop d’Other Lives, Half Moon Run ou bien encore Get Well Soon. Est-ce que tout cela s’entend ? Je ne crois pas, mais au moins, j’aurais cité toutes celles et ceux qui me donnent un plaisir indescriptible au quotidien !
Nîm : mes influences sont nichées essentiellement dans la peinture. Et j'en retrouve les couleurs, les épaisseurs, les éthers dans certaines musiques, sans que le genre n'ait d'importance : J'aime certains opéras de Pékin, la pop-jazz vietnamienne d'Huong Thanh, le rap US de Blackalicious, les douceurs de Martin Denny et son Enchanted Sea, le métal extreme 8 bits de Iamerror, les classiques français Debussy-Ravel-Fauré mais surtout Paul Dukas et Charles Koechlin, le rock long et profond d'Archive, les bandes son d'Alain Goraguer notamment La Planète Sauvage, le piano continu de Lubomyr Melnyk, la musique indienne de Nitin Sawhney, la chanson intuitive de Maher Shalal Hash Baz, le rock iranien d'Hassan K, la personnalité de la rappeuse Casey, le mur de guitares d'Emma Ruth Rundle et de Brutus, le rap "originul" de Cadillac, l'électro cut-up et mordante de Mr Oizo, la voix éthérée du Thérémin d'Armen Ra.
Ça en fait des couches ;) !
Steve : Très influencé Jazz et métal allant de Chick Corea à Machine Head en passant par Agnès Obel et Great Lake Swimmers...
Effet céleste...
Votre nouveau single « Murmuration » sort aujourd’hui. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nîm : C'est un titre qui peint ces mouvements impressionnants de bancs d'oiseaux dans les cieux, qui se gonflent, se dilatent, se rétractent et trublionnent. Pour obtenir cette matière, j'ai empilé sous forme de tuilage des duos de longues notes, toutes appartenant à une unique gamme majeure, mais disposées à des endroits précis sur le clavier et s'enchaînant de manière décidée. Ca a donné un effet à la fois céleste mais aussi surprenamment mélancolique. Maxime a ajouté des tires d'ailes avec son violon, et Steve le mouvement rythmique de cet amas d'êtres volants. On a l'impression de décoller. J'espère que ça vous fera le même effet !
Quels sont vos coups de cœur respectifs du moment ?
Maxime : Question trop difficile. Dans le désordre, si je me fie à mes statistiques d’écoute, Dekker, Hugo Barriol, Active Child, … je peux en citer combien ?
Nîm : Pour ma part, ce sont les dernières sorties de Brutus, Gracie Abrams, Sigur Rós et écouter les exercices pratiques d'un organiste qui joue sur un Trautonium : LudoWic.
Que peut-on vous souhaiter pour 2024 ?
Donner envie de nous écouter, et de nous voir en concert ?
Corde - Schema / Date de sortie : 29 mars 2024 chez Vailloline.
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